La plage au Foulon, 1955

Soleil, sable chaud, huile solaire et patates frites… la région de Québec a compté plusieurs belles plages le long du Saint-Laurent jusque dans les années 1970. Mais aucune n’a été aussi populaire que la plage de l’anse au Foulon.

Son sable clair, digne des plus jolies plages du Maine, s’était accumulé sur les berges lors des travaux de dragage menés dans le fleuve au moment de la construction de la gare maritime, en 1927. Niché au pied de la côte Gilmour, près de Sillery et non loin du centre-ville, ce petit paradis a aimanté toute la jeunesse de la capitale à une époque.

Dans les années 1940, on pouvait y stationner sa voiture pour 10 cents la journée. Des navettes d’autobus y ont aussi circulé du matin au soir à partir des années 1950. Il n’était pas rare d’y croiser des travailleurs, venus se délasser quelques heures après une journée au bureau, trop heureux de retrouver leur famille autour d’un bon pique-nique. C’était comme être en voyage, à deux pas de chez soi.

L’endroit a eu ses concours d’hommes forts et ses compétitions de nage. On y a aussi projeté des films pour enfants, grâce à un petit studio mobile. Une émission de radio y a même été présentée en direct quelques étés. En 30 ans, les femmes ont eu le temps de passer du maillot à jupette au bikini. On était bien loin du temps où un policier, en faction sur la plage, se chargeait de mesurer la longueur de leurs costumes de bain!

Malgré son allure de carte postale, l’endroit n’était pas sans danger. Les noyades y ont été nombreuses jusqu’à la fin des années 1930. Les réservoirs de pétrole de la photo rappellent aussi la réalité avec laquelle les baigneurs ont dû composer : la pollution du fleuve. C’est d’ailleurs elle qui finira par forcer la fermeture de la plage de l’anse au Foulon à la fin des années 1960, comme ce sera le cas pour presque toutes les plages du Saint-Laurent. (Catherine Lachaussée)

Photographie : La plage au Foulon, 1955, collection Jocelyn Paquet, fonds Photo moderne, image 60402