L’embouchure de la rivière Saint-Charles et la basse-ville de Québec vers 1870
Les travaux de construction du bassin Louise débutent en 1877 et durent cinq ans. Auparavant, on retrouvait à cet endroit l’estuaire de la rivière Saint-Charles qui, à marée haute, mesurait près d’un kilomètre de largeur. Ce panorama était donc assez différent de celui qui nous est offert aujourd’hui. Cette photographie le démontre clairement. Elle a été prise depuis la toiture plate du pavillon central de l’Université Laval. Réalisée par Charles Baillairgé en 1854, l’architecte Joseph-Ferdinand Peachy la transforme en mansarde et y ajoute trois lanternes en 1875.
À cette époque, les rives de la rivière sont dentelées par les quais de nombreux marchands, tels les J.B. Renaud, George Tanguay et Narcisse Rioux, auprès desquels se pressaient des dizaines de goélettes. Dans ce quartier, la densité immobilière était assez importante. Or, on y retrouvait peu d’habitations, surtout des magasins et des entrepôts.
À l’avant-plan, le bâtiment dont la toiture est percée d’un lanterneau existe encore aujourd’hui. Il est situé en haute-ville, au coin des rues Hébert et des Remparts. Au pied de l’escarpement courait la rue Saint- Paul. Quant à la rue Saint-André, elle ne sera ouverte qu’en 1879. En bordure des quais, on aperçoit le magasin de Narcisse Rioux. De nos jours, à cet endroit, la rue Rioux rappelle la mémoire de cet important épicier en gros. Plus à l’ouest, le grand bâtiment et sa haute cheminée logeait la Drum Cabinet Manufacturing Co. Son long quai s’avançait dans la rivière. Il s’agissait du plus important manufacturier de meubles du Québec. Avant d’en arriver là, William Drum avait d’abord ouvert un modeste atelier de chaises en 1829. En 1867, il faisait construire cette imposante usine, qui donnait du travail à quelque 120 ouvriers. Au petit matin du 19 août 1873, l’usine était complètement détruite par un violent incendie. L’entreprise mis fin à ses activités quelques années plus tard. Jusqu’en 2019, ce site était occupé par le marché du Vieux-Port. Enfin, juste en face, sur la rive gauche, c’est le moulin des Papiers White Birch qui domine maintenant le paysage. (Jean-François Caron)
Photographie : L’embouchure de la rivière Saint-Charles et la basse-ville de Québec vers 1870 Collection du Musée des Beaux-Arts du Québec 2011.113