Sommet de la chute Montmorency en 1842
Il est aujourd’hui difficile de s’imaginer la chute Montmorency sans son emblématique manoir édouardien qu’on lui connaît aujourd’hui. Or, le bâtiment datant de la fin du XVIIIe siècle, a connu de nombreuses transformations au cours de sa longue vie, momentanément interrompue lors de l’incendie de 1994. Il fut heureusement reconstruit à l’identique peu après.
En 1842, le manoir, autrefois qualifié de villa, ne ressemblait en rien à ce qu’il est aujourd’hui. De style palladien, il appartenait à l’homme d’affaires anglais Peter Patterson, un prospère marchand de bois. À force d’acquérir les terres entourant la mythique chute, il deviendra même le nouveau seigneur de Beauport en 1844, après avoir acquis la charge du seigneur Juschereau-Duchesnay.
Fort de son succès, Patterson construit une maison de style cottage pour sa fille, Mary Jane, laquelle épousera le directeur de la scierie de son père en 1843. Cette maison se trouvait à proximité de la villa paternelle, tout près de la chute. C’est sans doute celle que l’on peut apercevoir sur cette gravure, accompagnée des dépendances.
À cette époque, le commerce du bois est l’un des moteurs économiques majeurs de Québec. La chute servait de source d’énergie hydraulique et elle alimentait les scieries Patterson. Or, il ne faut pas s’imaginer que ces dernières étaient en bas de la chute. En effet, grâce à des conduits, l’eau était en fait acheminée plus à l’ouest. À la mort du patriarche en 1853, Mary Jane, unique héritière de sa fortune, confia la gestion des scieries à son époux et le couple emménagea dans la villa principale, qu’ils agrandirent pour accueillir leurs huit enfants. Bien que le gendre fût en mauvais terme avec son beau-père, il fit toutefois fructifier les affaires et laissa un patrimoine fort important à sa mort, dans les années 1870. (Félix Morin-Gosselin , historien)
Iconographie : Sommet de la chute Montmorency en 1842, Archives de la Ville de Québec, CI-N0101-N010149