Janvier 2024

La Côte de la Montagne, hiver 1910

Le ballet des banneaux à neige, au sommet de la Côte de la Montagne, en février 1910, montre que le déneigement est déjà un véritable enjeu à Québec. Jusqu’au début du 20e siècle, il n’était pas rare de voir la neige accumulée transformer des rues entières en tranchées, au point que deux attelages pouvaient à peine s’y croiser.

Chaque propriétaire avait alors la responsabilité de déneiger son petit bout de chemin. Mais l’entretien des artères les plus névralgiques, comme la Côte de la Montagne, lien essentiel entre le port et la Haute-Ville, relevait des autorités municipales.

Après chaque bordée, la neige était tapée, ou laborieusement chargée à la pelle dans un banneau, petit traîneau tiré par un cheval, pour être déplacée. On en avait ensuite pour des jours à voir ces voitures, pleines à ras-bord, sillonner les rues en tous sens, en direction du dépôt à neige le plus proche.

L’un des dépôts les plus populaires, situé le long des quais, permettait de déverser la neige directement dans le Saint-Laurent, et les chevaux qu’on peut admirer sur la photo s’y étaient sans doute croisés plusieurs fois ce jour-là. On ne peut que saluer leur courage. L’ascension répétée de cette côte, déjà ardue l’été, pouvait s’avérer carrément périlleuse en hiver, quand la neige devenait glacée.

Impossible de ne pas remarquer l’imposante façade du Palais épiscopal, bien en vue en haut de la Côte de la Montagne. Or, il est intéressant de savoir que le bâtiment compte en réalité deux façades, et que celle qu’on voit sur la photo fait un peu office de trompe-l'œil.

La façade originale du bâtiment, où se trouve l’entrée principale, date de la construction du Palais, en 1844. Située sur la gauche, en retrait derrière de grandes grilles et une cour d’honneur, elle demeure plutôt discrète.

L’idée de doter l’édifice d’une deuxième façade, beaucoup plus impressionnante, est née lors de la construction d’une aile supplémentaire, en 1903. Bien qu’elle ne donne en fait accès qu’à une entrée de service, son aspect majestueux, face à la côte la plus emblématique de Québec, a contribué à donner plus de prestige au site, lorsqu’on le contemple du fleuve. (Catherine Lachaussée)

Photographie : La côte de la Montagne, hiver 1910, BAnQ, fonds Literary and Historical Society of Quebec, P450D1-070


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