Rue du quartier Saint-Sauveur, intersection Saint-Vallier Ouest/Marie-de-l’Incarnation
Les années 1940 constituent un point de bascule en matière de mobilité. L’achalandage du transport collectif à Québec et ailleurs en Amérique du Nord connaît des sommets historiques dans la foulée du rationnement de l’essence et des pneus découlant de la Deuxième Guerre mondiale. Le surpeuplement des tramways et des autobus durant ces années alimente toutefois une grogne grandissante à l’égard du transport collectif. Le tramway est considéré, à Québec et dans plusieurs autres villes, comme un mode de transport obsolète et peu flexible, des arguments aussi utilisés, par ailleurs, par les adversaires des projets de métro à Toronto et à Montréal à la même époque. Le tramway disparaît à Québec en 1948, la même année qu’au sein d’autres villes canadiennes telles que St. John’s, Thunder Bay et Victoria, et onze ans avant qu’il ne soit retiré des artères montréalaises. L’ultime parcours démantelé à Québec est la ligne 1, qui traverse notamment le quartier Saint-Sauveur. Les autobus prennent le relais sur le réseau. Celui-ci demeurera privé jusqu’à la municipalisation du transport collectif en 1970, quand est créée la Commission de transport de la Communauté urbaine de Québec (CTCUQ).
L’autobus se retrouve cependant lui-même de moins en moins attrayant par rapport à l’automobile qui, dans un contexte de prospérité et d’accessibilité accrue, s’apprête à vivre son heure de gloire. Le nombre de ménages qui possèdent une voiture double à Québec des années 1950 à 1970. Cette proportion triple même dans le quartier Saint-Sauveur, le désir d’acquérir ce qui est alors un symbole de modernité se faisant tout autant sentir en milieu populaire. (Dale Gilbert)
Photographie : Rue du quartier Saint-Sauveur, intersection Saint-Vallier Ouest/Marie-de-l’Incarnation, Archives de la Ville de Québec, Q-C1-14-N0016-N001603